Exemple de mise en œuvre de la prise en compte d’incertitudes

 

Nous allons ici déterminer la valeur d’un mesurande S, en déterminant une valeur a=β*Sn (où β est une constante) qui est :

·   fonction d’un couple de deux mesurandes primaires (Xi , Yi ) avec autant de valeurs de couples (Xi , Yi) possibles que nous aurons fait de mesures {Tous les couples, différents, visent à cerner une même valeur de a},

·   fonction telle que a = (Yi – b)/ Xi , i.e. Yi =a* Xi + b où b est une constante (à laquelle nous laisserons donc la possibilité d’être non nulle).

 

L’intérêt de réaliser plusieurs mesures de couples (de valeurs Xi et Yi différentes pour chacun des couples) réside dans le fait que chacune des valeurs Xi et Yi est comme il se doit affublée d’une incertitude de mesure : un plus grand nombre de mesures permettra d’estimer une meilleure incertitude de mesure sur a, et donc sur S.

 

Ce mode de détermination sera appliqué à une distance d (S est alors d, et nous verrons que n=2) séparant deux plaques formant un condensateur.

Nous déduirons de la valeur de d affublée de son incertitude, une capacité C également affublée de sa propre incertitude.

 

 

Dans le montage expérimental suivant

 

 

où nous distinguons:

-       deux plaques rectangulaires identiques pour circuits imprimés, vierges (donc entièrement recouvertes d’une surface cuivrée), supposées parfaitement planes, de largeur L et de longueur l, formant un condensateur plan-plan de capacité C,

-       une balance à affichage numérique dont la résolution est égale à 1 mg (dernier chiffre significatif),

-       une masse étalon M,

-       divers éléments mécaniques : plaques et plateaux supports, pieds, tiges rigides,

-       des fils électriques de connexion souples (reliés à une alimentation haute tension stabilisée ajustable qui n’est pas représentée), polarisant le condensateur sous une haute tension U (par exemple en branchant le fil soudé à la plaque de dessous à la masse et celui soudé à la plaque de dessus à une tension U),

 

et où, au départ, alors que la tension V0 entre les fils électriques est égale à zéro et qu’aucune masse n'est déposée sur le plateau inférieur :

 

-       a été effectuée une tare (remise à zéro) de la balance qui supporte (sur son plateau mobile) les différents éléments mécaniques tels l'électrode mobile, son support, les tiges rigides et le petit plateau inférieur,

-       la balance affiche donc 0,000 g et l'électrode mobile se trouve à une distance "d" dont on cherchera à déterminer la valeur ainsi que son écart-type,

 

il s’établit, quand une masse M est déposée sur le plateau inférieur, par expression de l’égalité entre la force d’attraction entre les plaques du condensateur et la force gravitationnelle exercée sur M, que :

 

d = U.( e0.l.L / (2M.g))1/2   

 

i.e. U=d*(2g/(e0.l.L))1/2* M1/2

 

Ici, Yi=U^2, Xi=M, a= d2*2g/(e0.l.L), et b est, a priori, 0 (a priori car cela est le cas seulement si l’expérience est totalement conforme avec la formule théorique de d).

 

                                                                              Inventaire des grandeurs :

 

Unités pour chacune des lignes

Grandeurs

Valeurs

σ

V

U

1

mm

l

200

0,5

mm

L

300

0,5

F.m-1

e0  

8,8542E-12

0

g

M

0,0003

m/s^2

g

9,8094

0

 

Et (σd / d)2 = (σU / U )2 + (σl / 2.l)2 + (σL / 2.L)2 + (σM / 2.M)2  

 

Nous plaçons ensuite successivement les masses suivantes sur le plateau inférieur (en vérifiant la valeur de l’indication numérique donnée par la balance) ; et en ajustant, pour chacune de ces valeurs, la tension U, nous annulons la somme de la force exercée par chaque masse et de la force électrostatique.

Mi = 0,5 g, 1 g, 2 g, 3 g, 4 g, 5 g, 6 g, 7 g, 8 g, 9 g et 10 g :

 

Ui (V)

Mi (g)

Ui^2 (V²)

172,6

0,500

29790,76

249,3

1,000

62150,49

349,9

2,000

122430,01

440,5

3,000

194040,25

510,7

4,000

260814,49

573,2

5,000

328558,24

641,0

6,000

410881,00

709,0

7,000

502681,00

758,0

8,000

574564,00

799,0

9,000

638401,00

839,0

10,000

703921,00

 

 

Si la droite de régression du nuage de N points (M, U2)=(xi,yi) est y=b+ax,

 

a=(1/Δ)*(NΣxi yi -Σxi Σyi) et b=(1/Δ)*(Σxi2Σ yi -Σxi Σ xi yi),

Δ=NΣxi2-(Σxi)2

(Pour rappel, ceci s’obtient tout simplement en annulant les dérivées, par rapport à a et à b, de Σ( yi- b-axi)2)

 

Mise en œuvre :

 

Mi (g)

Mi (Kg)=xi

Ui (V)

Ui^2 (V²)=yi

0,500

0,0005

172,6

29790,76

1,000

0,001

249,3

62150,49

2,000

0,002

349,9

122430,01

3,000

0,003

440,5

194040,25

4,000

0,004

510,7

260814,49

5,000

0,005

573,2

328558,24

6,000

0,006

641,0

410881,00

7,000

0,007

709,0

502681,00

8,000

0,008

758,0

574564,00

9,000

0,009

799,0

638401,00

10,000

0,01

839,0

703921,00

 

Σxi2

0,00038525

Kg*Kg

(Σxi)2

0,003123161

Kg*Kg

Δ

0,001114589

Kg*Kg

Σxi Σyi

212466,8893

Kg*V²

Σxi yi

26955,4598

Kg*V²

a

75402844,56

V²/Kg

b

-19021,85615

 

 

 

 

 

 

axi (V²)

yi- b-axi (V²)

37701,42228

11111,2

75402,84456

5769,5

150805,6891

-9353,8

226208,5337

-13146,4

301611,3782

-21775,0

377014,2228

-29434,1

452417,0674

-22514,2

527819,9119

-6117,1

603222,7565

-9636,9

678625,601

-21202,7

754028,4456

-31085,6

 

 

σy= ((1/(N-2))* Σ( yi- b-axi)2)1/2

20576,784

 σa= σy* (N/Δ)1/2

2044167,587

V²/Kg

(Formules, notamment la seconde, tirée(s) d’un livre du Pr John Taylor, Dept of Physics, Univ of Colorado)

 

 

D’où a=75 (2) 10^6 V2/Kg

 

 

{Remarque :

Excel donne a= 72607488,97 V2/ Kg $$

et une valeur de la moitié de la différence des limites sup et inf, pour un seuil de confiance de 95%, égale à 2340324,52 V2/Kg $$$,

i.e. : a=73 (2) 10^6 V2/ Kg : les 2 « méthodes » ne s’opposent pas, puisque les 2 résultats se recouvrent.

 

$$ : Valeur donnée dans la cellule « [Variable X 1 ; Coefficients] »

du tableau du rapport détaillé obtenu en demandant une régression linéaire à partir de l’item « Outils d’analyse » en ayant sélectionné les données [Mi (en Kg) = xi ; Ui^2 (en V²) = yi].

$$$ : La moitié de la différence des limites en question explicitement désignées dans le même tableau.

}

 

Nous allons pouvoir accéder à la valeur de d par d = U.( e0.l.L / (2.M.g))1/2 =(( e0.l.L / (2 g))*U2/M)1/2

 

i.e.  d=a1/2.( e0.l.L / (2.g))1/2

 

Avec la valeur de a calculée ci-dessus :

 

A.N. : d=1,428920E-03 m (Résultat temporaire en attendant d’estimer σd)

 

Avec la valeur de σa calculée ci-dessus :

 

σd   = d[(σa / 2.a )2 + (σl / 2.l)2 + (σL / 2.L)2]^(1/2) 

 

A.N. : σd   = 1,948757E-05 m

 

D’où d=1,43 (2) mm et σd /d =1,36%)

 

 

{Remarque :

Avec les valeurs a= 72607488,97 V2/ Kg  et σa = 2340324,52 V2/Kg données par Excel, nous obtenons d=1,402183E-03 m et σd   = 2,269594E-05 m, i.e. d=1,40 (2) mm et σd /d =1,62% ; ici encore, les 2 « méthodes » ne s’opposent pas, puisque les 2 résultats se recouvrent. Nous choisissons le premier, encadré1ci-dessus.}

 

Nous pouvons désormais déterminer C et σ:

 

C = e0.S /d      et  σC = C*[(σd  / d)2 + (σl / l)2 + (σL / L)2]1/2

 

A.N. : C = 3,717857E-10 F et σC  =  5,540797E-12 F

 

D’où C = 372 (6) pF

 

(1Pour information, si nous calculons d et σd   puis C et σC , à partir des a et σa fournis par Excel, nous obtenons C = 379 (7) pF. Finalement, les deux valeurs de C se recouvrent également.)